Un peu d’histoire …
EDMOND AUGRAS
A droite, Edmond Augras le fondateur et président jusqu’en 1927 ; auteur de contes et de pièces en patois, sous le pseudonyme du “Marquis de la Brande”
Saint-Août a le privilège de posséder la maison natale de
Edmond AUGRAS, située route de Lignières. Né à Saint-Août le 6 mars 1854 et décédé à Châteauroux le 8 juin 1927.
Il fut le créateur d’une marque de biscuit (les biscuits Augras) très appréciés au début du siècle, jusque vers 1939.
Une plaque fut posée sur cette maison en juin 1956 pour commémorer le centenaire de sa naissance ; on y lit :
La société des Gâs du Berry fut fondée en 1888 par Edmond Augras, biscuitier à Châteauroux et Jean Baffier, sculpteur berrichon.
La première bannière des Gâs du Berry portée la devise :
Noute Soupe est maigre, mais j’ta trempons dans noute écuelle.
Patrimoine …
EGLISE DE SAINT-AOUT
L’église de Saint-Août entre dans l’histoire écrite en 1115, mentionnée dans un acte officiel du Pape Pascal II, décrivant les territoires sous la juridiction de l’abbaye bénédictine de Déols. Le rayonnement économique et religieux de cette puissante abbaye est l’une des clefs de l’histoire de la région du Xe au XVIe siècle.
La Paroisse de Saint-Août compte alors un millier d’habitants, pour la plupart dispersés dans la campagne environnante. Un représentant du seigneur de Saint-Chartier règle les affaires civiles à l’emplacement actuel du château, et un curé nommé par l’abbé de Déols règle les affaires religieuses à l’emplacement du presbytère. La campagne est riche, et l’on peut construire une église en dur, là où s’élevait sans doute un premier édifice sur la sépulture d’un personnage venu d’un autre âge, Aygulfus, ermite en ces lieux au début du IXe siècle. Alors que la paroisse n’était encore qu’une clairière de la forêt de Bommiers. Il mourra archevêque de Bourges, et son nom, peu à peu transformé en celui de saint Août, deviendra celui du bourg où l’on allait vénérer ses reliques. Celles-ci sont encore dans l’église et attestent la continuité de la vie paroissiale depuis ses origines.
De l’église primitive du XIIe siècle, restent les murs latéraux et deux curieux chapiteaux, à la naissance de la voûte à l’avant du mur sud, sur lesquels s’appuyait le clocher primitif. La tribune et le cocher actuel ont été ajoutés vers 1860 dans le prolongement de la nef. les trois absides du chœur et une partie des ouvertures datent de la même époque. C’est au cours de la même campagne de travaux qu’a disparu l’ancienne couverture en tuiles, et qu’une voute en sapin a été placée au-dessus de la nef.
LE BALDAQUIN MONUMENTAL
Encore un peu d’histoire . . . Nous sommes en 1612, cinq siècles après la construction de notre église. L’Eglise catholique connaît une nouvelle phase de vitalité, comparable à celle du XIIe siècle : après la tourmente protestante du XVIe siècle, aboutissement de la sclérose de nombreuses institutions médiévales, le Concile de Trente (15454-1563) prend les mesures qui vont assurer le renouveau catholique au seuil de l’époque moderne. Comme au XIIe siècle, la réforme sera d’abord celle du clergé, que l’on va mieux former (naissance des séminaires) et libérer le plus possible de ses compromissions politiques (par exemple en obligeant les évêques à résider dans leur diocèse, et non plus à la cour) ; la réforme sera aussi celle de la vie consacrée, avec l’introduction de famille religieuses nouvelles (la Visitation, fondée par saint François de Sales, prend pied à la Châtre et à Issoudun, les Ursulines s’établissent à Issoudun, les Capucins à Châteauroux . . .) et la rénovation de formes plus anciennes (à l’abbaye bénédictine de Chezal-Benoît par exemple) ; correspond enfin à un élan de ferveur extraordinaire du peuple chrétien dans les pays restés catholiques. Ce succès de la réforme catholique s’exprime dans l’art baroque , volontiers monumental et d’une décoration exubérante.
Le baldaquin de l’église de Saint-Août reflète exactement ces circonstances, qui sont celles de sa réalisation vers 1630. Henri II de Bourbon, prince de Condé (père du Grand Condé, le vainqueur de Rocroi) a suivi son oncle Henri IV dans sa conquête de la couronne de France et son passage au catholicisme. Après quelques difficultés à la cour, il achète en 1612 l’ensemble des terres de Châteauroux aux descendants de la puissante maison de Chauvigny. Louis XIII lui permettra un peu plus tard d’ajouter à ses titres celui de duc de Châteauroux. A ce moment là, l’abbaye de Déols connaît le déclin des établissements religieux les plus prestigieux du Moyen-âge, notamment à cause du régime de la commende, qui , depuis le Concordat de 1516 entre la France et le Saint-Siège, attribuait les revenus d’un grand nombre d’entre eux à des bénéficiaires lointains, généralement peu soucieux des charges spirituelles liées à ces revenus. Aux propriétés foncières considérables de l’abbaye de Déols ne correspond plus le service religieux qui les justifiait aux siècles passés, et incendié durant les guerres de religion, le monastère le plus puissant de la région sera définitivement ruiné à la fin du XVIe siècle. Les papes Paul V, Grégoire XV et Urbain VIII (celui du baldaquin de Saint-Pierre de Rome ) vont donc officialiser cette décadence en sécularisant l’abbaye de Déols à partir de 1622, rendant ses biens à la vie profane. Henri de Bourbon, va les acheter, et en contrepartie, le Saint-Siège lui demandera de remettre en état le couvent des Cordeliers (c’est-à-dire des Franciscains) de Châteauroux, lui aussi ruiné par les guerres de religion. Tout un ensemble de boiseries vit le jour dans le cadre de cette restauration, et d’abord ce baldaquin qui surmontait le maître-autel, comme pour rehausser l’éclat du culte eucharistique tant contesté par les protestants. A sa structure actuelle s’ajoutait la couronne des Bourbons, soutenue par deux anges.
Qui fut maître d’œuvre de cette réalisation ? Différentes hypothèses furent proposées faute de documents précis ; citons seulement le premier préfet de l’Indre, Dalphonse, qui écrivait en l’an 12 de la République (1804) : “Cet ouvrage mérite d’autant plus d’exciter l’admiration qu’il est d’un menuisier de campagne qui n’a eu d’autre maître que son père, menuisier comme lui, d’autre atelier que sa boutique, d’autre modèle que son imagination” .
Tandis que ce menuisier et ses compagnons s’affairent à Châteauroux, la paisible bourgade de Saint-Août bénéficie elle aussi de la vitalité de son siècle : l’illustre familles des Fradet y fait reconstruire le château à peu près tel que nous le voyons aujourd’hui? tandis que l’un de ses membres part pour le Québec, en même temps que la missionnaire tourangelle Marie de l’Incarnation et que beaucoup de migrants du centre de la France, auxquels le Canada actuel doit d’être resté en partie francophone et catholique.
Revenons à Châteauroux. A la Révolution, l’église des Cordeliers sera profanée, et devenue le temple de la déesse Raison, c’est sous son baldaquin débarrassé de la couronne des Bourbons et peinturluré en bleu, blanc, rouge, qu’une accorte jeune fille de Pellevoisin, Mademoiselle Labracherie, présidera la liturgie républicaine le 14 juillet 1793.
Au cours du XIXe siècle, l’église des Cordeliers ne sera pas rendue au culte, et son baldaquin totalement délaissé deviendra même un portique pour les sportifs de Châteauroux. Les nombreuses pièces manquantes aux guirlandes des colonnes ont disparu à cette époque.
Démonté en 1972 dans le cadre de la restauration du couvent, le baldaquin attendait depuis cette date une affectation nouvelle, Sur proposition de la paroisse de Saint-Août, la ville de Châteauroux accepte sa réinstallation dans l’église de Saint-Août en 1986. Une importante restauration s’imposait avant le remontage qui eut lieu en 1987.
Haut de 9 mètres et large de 7, ses 15 tonnes de chêne sculpté en font sans doute l’un des plus riches témoignages de l’art baroques dans notre région, aujourd’hui rendu à sa destination liturgique.
ON REMARQUERA AUSSI . . .
Les anges du tabernacle, du XVIIe siècle, de provenance inconnue, donnés à la paroisse en 1987.
Les statues placées dans les embrasures des fenêtres nord : saint Fiacre (XVIIe siècle) et une religieuse (XVIe siècle), un livre dans une main, peut-être une église dans l’autre, sans doute une fondatrice.
Le Christ du chœur (XVIIIe siècle) est à comparer à celui de la chapelle, d’une facture beaucoup plus spirituelle.
La tapisserie murale, réalisée par les bénédictines de Schotenhof (Belgique) : descente de Croix, d’après une bible du XIIe siècle.
Sur la place de l’église s’étendait le cimetière ; il en reste la croix, récemment placée contre le mur de la chapelle. Au dos de la croix, une date : 1828.
La chapelle du Bienheureux JAN VAN RUUSBROEC
Jouxtant l’église une petite chapelle restaurée en 1983, à la demande de l’abbé Max Huot de Longchamps. Ce sanctuaire est dédié au grand mystique brabançon Jan van Ruusbrœc (1293-1381).
L’autel abrite une relique du bienheureux, confiée à la paroisse par les pères jésuites de la Ruusbrœc-genootschap, d’Anvers, lors de l’inauguration de la chapelle en 1983.
LE CHÂTEAU DE SAINT-AOÛT
Le château était autrefois une forteresse avec fossés, tours, canardières et mâchicoulis. Il relevait en fief de Châteauroux.
Son état actuel remonte au règne de Louis XIII où il a certainement subi des transformations dont le style de ses couvertures et la date de 1642 sculptée sur la poutre maîtresse d’une charpente permettent de préciser l’époque
Comme beaucoup de villages du Moyen-âge, celui de Saint-Août a dû se constituer petit à petit autour de son Château dont les plus anciens possesseurs connus furent les princes de Déols.
Le Château de Saint-Août qui a appartenu pendant longtemps à la famille COUSIN DE MARTIGNE DE LA DURE est aujourd’hui la propriété de Monsieur et Madame LARAMEE.
Tel qu’il existe aujourd’hui, il se présente sous la forme de deux corps de logis au rez-de-chaussée parallèles, aux deux extrémités de chacun desquels se trouvent des tours de forme différente. La plus élevée de ces tours qui remonterait au XVème siècle présente une superstructure de bois tapissée de hourds en bardeaux. Toutes sont recouvertes de toitures coniques, plus ou moins aigues, en tuiles de pays, sommées d’épis ornementaux.
Les deux corps de logis sont surmontés de vastes grenier couverts de hautes toitures en tuiles de pays et éclairés par des fenêtres Louis XIII à fronton triangulaire qui datent comme déjà dit de 1642 quand Jean FRADET, Comte de CHATEAUMEILLANT fit approprier sa demeure de Saint-Août.
Entre ces deux bâtiments, sans communication directe l’un avec l’autre et dont les façades se regardent, se trouve une vaste cour, laquelle était encore vers le milieu de XIXème siècle renfermée du coté sud par un mur bas doublé de fossés, ouvert en son milieu d’un portail à deux colonnes carrées en pierre dont le chapiteau était surmonté d’un gros boulet rond, en pierre également. Cette entrée ainsi que les fossés furent supprimés quelque temps après, lors de l’établissement d’un parc à l’anglaise.
Du côté nord, cette cour, fermée par un mur élevé qui s’étend d’un corps de logis à l’autre, communique par un double portique cintré pour voitures et piétons, avec une seconde cour plus petite, sur laquelle s’ouvrent les communs dont l’ancienne grange.
Deux autres portiques semblables font communiquer cette seconde cour ; à l’est avec la place de l’église et le bourg qui en est donc l’entrée principale. Le portique de l’ouest donne directement sur le parc situé à l’arrière du Château où se trouvait encore vers 1940 une véranda démolie depuis et un court de tennis lui aussi supprimé. Ce parc contigu au domaine du bourg a une sortie sur la route d’Ardentes. C’est ainsi que, avant la suppression du mur de clôture de la cour d’habitation côté sud et alors que les portails nord et ouest n’avaient pas perdus leurs massives portes de bois aujourd’hui disparues, chacune des deux cours successives pouvait être closes. Seule la porte d’entrée possède encore ses épais vantaux s’ouvrant sur la place de l’église.
Des traces d’anciens fossés relevés dans le jardin de la cure qui jouxte l’église tendraient à faire croire que, à une certaine époque, église et Château devaient être réunis dans une même enceinte.
Une petite chapelle, isolée, dépendant du Château et qui servait de lieu d’inhumation aux propriétaires, se trouvait jadis à peu de distance du Château près du domaine. Elle a été démolie vers 1895 et les corps qui y étaient inhumés furent transférés au cimetière paroissial. Une pierre en forme de bénitier et une croix de pierre ajourée en cœur en marque l’emplacement. Ce sont les seuls vestiges qui subsistent.
Le démantèlement des Châteaux demandé en séance de l’Assemblée Nationale par le Député BAREVE le 28 Ventôse An 2 (20 Mars 1793) et réitéré le 17 Thermidor An 2 (6 Août 1793) ne fût pas accepté par la convention qui demanda simplement la suppression des parties fortifiées.
Monsieur DELALANDE, ingénieur à Issoudun, fût chargé de l’enquête sur les Châteaux de l’Indre. Sur celui de Saint-Août, il avait dans son rapport simplement retenu la tour à hourds de bois qui devait être détruite dans un délai de deux mois. Rien ne fût fait et la tour du XVème siècle fut heureusement épargnée.